Les idéalistes, on les écouta un peu dans l’ après-guerre, car on revenait de très loin. Mais en temps de paix, il est rare qu’on ait envie de faire autant d’efforts, car les ténèbres ont été repoussés et l’on se croit à l’abri. C’est un leurre, bien sûr. Des passeurs comme Stéphane Hessel, nous le rappellent aujourd’hui; rien ne va jamais en la matière. Les ténèbres sont là, tout près, menaçant de grandir, et une guerre terrible est en cours. Celle du chiffre contre le symbole. Celle d’une vision du monde qui mesure, évalue, calcule, vend et achète, contre cet univers de l’immatériel et de l’insaisissable, de l’immesurable, de l’incalculable, qui est la fragile mais seule vraie richesse humaine. Lorsque tout ce qui est de l’ordre du symbolique en sera réduit de force aux catégories des marchands, il ne restera aucune place pour le rêve. N. Roméas.