Didier et Martine sont allés à Leffrincoucke pour y rencontrer le directeur et le président de la Maison Pour Tous de Leffrincoucke. La conversation sur l’engagement du président a tourné sur l’usine des dunes. La vie du quartier. Son père travaillait déjà là-bas. Il a commencé à travailler à l’âge de seize ans. Il a pris la suite du père. On a pensé aux livres de Martine Sonnet. Il a connu l’usine avec plus de quatre mille ouvriers. Des licenciements par cinq cent personnes leur sont tombés dessus au milieu des années 80. Les ouvriers licenciés perdaient leur travail et leur maison qui appartenait à l’usine. Quand tu habites à côté d’un camarade qui perd tout et sa maison avec, c’est très dur. Il fait un travail extrêmement physique. Le bruit la chaleur. Usine métallurgique. Il a parlé des maisons comme si c’était des corons. Pareil. Alignées. Il ne reste plus qu’une rue d’origine. Rue des Acacias. L’usine a revendu les maisons aux ouvriers et à la ville. Il nous a raconté ses jeux d’enfants. Dans les dunes, dans la petite forêt, au fort qui était gardé par des militaires. Il tirait sur les militaires avec des pommes de terre et des tomates. Par jeu. Il dit que maintenant c’est plus le même esprit. Avant tu savais que tu passais ta vie dans l’usine. Comme un héritage. Les jeunes aujourd’hui n’ont plus l’espoir d’y faire carrière. L’usine a cent ans. Les jeunes signent des contrats de mobilité. Tu peux un jour travailler à Dunkerque et tu peux te retrouver un an plus tard à Fos sur mer. On a évoqué l’amiante. Il a dit, je ne veux pas passer de radio. Je ne sais pas si je ne veux pas parce que je ne veux pas ou si je ne veux pas savoir. On sait qu’on fait un métier dangereux mais pour rien au monde on ne veut quitter l’usine. La chaleur, la poussière… Avant, leur combinaison était en amiante. Il ne reste plus que cinq cents ouvriers dans l’entreprise.