Il se passera quelque chose. Il se passera forcément quelque chose. Tu marches des kilomètres et des kilomètres pendant plusieurs jours et tu penses, voilà au fond ce que je veux faire, c’est marcher? Jusqu’à ce que tu aies très mal au pied, un traumatisme à la matrice du gros orteil droit qui t’empêche de poser le pied et tu penses et si ça m’arrivait dans ma marche définitive? Et à ce moment tu passes de Thoreau à Trondheim. Le temps change vite. Et tu penses aux acrobates et aux danseurs et tu te dis, je ne vais tout de même pas faire demi tour pour ça? Tu dois trouver un moyen. Découper la chaussure et soulager l’orteil. Et comme ça, t’arrives à Ostende. Quelqu’un disait Ostendre. Tiens! la ville est beaucoup plus grande et luxueuse que je ne le pensais! Mais ça vaut le coup quand même (de vivre sa vie et tout)…Ce qu’il faudrait imaginer, c’est marcher sans le voir venir. Marcher sans s’arrêter. En compagnie des bêtes dans les près, des choucas et des chiens qui vous crient dessus devant certaines propriétés bien gardées. Difficile de se passer du GPS, c’est plus simple qu’une carte. Mais le problème c’est la batterie. Faudrait pouvoir trainer avec soi un groupe électrogène. Plus Trondheim que Kerouac. On ne change pas sa nature. Je garde une image en tête. Si je devais me rappeler un truc. Au bord d’une voie rapide entre Ypres et Dixmude, un jeune garçon qui enlève entre des pavés des mauvaises herbes devant chez lui, avec un chien tout doux (un cocker roux) assis à côté de lui… Aujourd’hui on a rendez vous à Loos en Gohelle. On met de côté la marche définitive. On ira sans doute déjeuner chez Polo et Sandy. On travaille avec Olivier et Hélène.