On a posté quelques invitations pour les Atomics. Distribué des tracts à Béthune. Demandé aux camarades de répéter chaque jour leur texte des Atomics pour éviter, contourner les bogues. Dans Béthune on est passé dans la rue du Tir où était installé le centre dramatique national dirigé par Jean Louis Martin Barbaz. On avait répété là avec Eric Lacascade après le Prato et avant le Ballatum. Jules César de Shakespeare mis en scène par Jean Louis Martin Barbaz. On avait deux minutes de texte et on mourrait sur scène. Après un combat à l’épée. On avait une peur bleue de réellement prendre des coups de sabre. On s’était à peine exercé à manier l’épée. Jules César, c’était Cyril Robichez. Pourquoi on s’est lancé dans ce métier? C’est une erreur de casting. Quand on s’est rendu compte qu’on faisait fausse route, il aurait fallu tout de suite changer de cap. Pour faire carrière dans ce métier sans se poser de questions, faut être né dedans. Etre dépositaire d’un capital culturel spécifique au milieu artistique qui trace le chemin de tes ambitions. Ce qui n’était pas notre cas. Enfin, je veux dire, le mien. C’est pour ça que j’ai beaucoup de chance. Avoir travaillé avec Eric Lacascade et puis le centre national des arts du cirque (on vient d’acheter le livre de Véronique Klein et Pierre Hivernat, le panorama contemporain des arts du cirque) et puis Culture Commune. On a fait son parcours tant bien que mal. Eric Lacascade connaissait le pourquoi et le comment du théâtre. C’est plus pratique. Mais on jouait l’histoire d’Eric Lacascade. Pas la nôtre. On n’avait pas sa place dans ce monde là. Le cirque nous a permis d’accéder à des chemins de traverse et de renouer avec le monde ouvrier, le public populaire d’où on venait. Kublack (du cirque Plume) nous a dit un jour, j’aurais jamais pu faire un spectacle que mes parents ne comprennent pas. Son père était ouvrier métallurgiste. Je me dis que les Atomics, c’est populaire et ça rassure. C’est du théâtre, du cirque, de la danse et des gens qui parlent de leur vie au jour le jour dans les quartiers populaires. Et de leur engament dans l’art et la culture. C’est l’histoire de Culture Commune et d’ HVDZ. Rien à voir mais on a écouté aussi parler de Stendhal. A la radio. A propos du Rouge et le Noir, de la Chartreuse de Parme. Et d’un autre livre, De l’amour. Dans le froid et la neige et les bruits de voiture. A Béthune. On est passé rue de Bruay. On y avait répété Electre de Sophocle avec le Ballatum. Dans un hangar de la Comédie de Béthune. On a mis un tract dans la boîte aux lettres. Pour le plaisir. Pour réduire le temps et les distances. Faire coucou à sa propre histoire. Le hangar a l’air complètement abandonné.