En passant boire son ballon de rouge, un ouvrier nous raconte les bateaux, les visites, tout ce qu’il y a dans un bateau : des salles de spectacle, des bibliothèques, des restaurants, des magasins de luxe, une prison, des piscines, hammams, saunas, salles de gym, salles de sport, casino, patinoire, hôpital, fumoir, circuits de jogging, et même, parfois, des restaurants pour chien et chats.
Il y a toutes sortes de métiers sur les chantiers. Monsieur Cochet, le patron du Lorient, a l’air fasciné par les artisans, les compagnons. Il nous parle longuement des staffeurs, des plâtriers, des ébénistes, des marbriers. Une énorme industrie du luxe. Il y a toute sortes de métiers. Des soudeurs, chaudronniers, électriciens, agents de maintenance en climatisation, en systèmes électriques, des serruriers, des testeurs de vibrations. Il y a même des testeurs de mobilier, spécialement pour les bateaux américains. On nous raconte : « c’est des gros balèzes. Ils s’assoient sur chaque meuble, sur chaque petite tablette, sur chaque lavabo – …et il y en a ! – pour être sûr qu’ils résistent quand les clients s’assoient dessus, parce que sinon, avec les américains, c’est procès direct ! »
Pour visiter les bateaux, quand ils sont finis, il faut que l’armateur soit d’accord, et puis il faut des invitations. On peut en avoir par les ouvriers des chantiers, mais c’est très recherché.
Parfois, quand il y a du retard sur les chantiers, le bateau part alors que les finitions ne sont pas finies. Il part avec les ouvriers, qui finiront les derniers détails pendant la route vers le port d’attache.
Dès fois, il y a des gros patrons qui passent au café de Lorient. Pas souvent, mais des fois. Un jour, il y a un gros patron qui était venu en avion privé. Il a mangé là, puis il voulait repartir en voiture, alors il a demandé aux ouvriers de lui laisser une voiture de la boite. Ils ont laissé la plus pourrie, bien sûr. Le lundi suivant, la boite avait une voiture flambant neuve.