Interview du matin de l’arrivée. Karim Haddi gère le Chalet, la structure d’accueil des 16-25 ans. Karim parle avec une très grande sincérité et beaucoup de modestie. Travailler à la responsabilisation, favoriser une autonomie qui servirait pour la suite. Il y a plein de jeunes qui ne savent pas où aller, et tellement de mauvaises orientations, et pas de travail, ou juste des contrat d’accès à l’emploi. Précaires. Bancals.
Quatre-vingt jeunes, dont certains sont dans le conseil d’administration de l’association qui gère le Chalet.
Karim est originaire d’ici, a grandi ici, aux Aviateurs, alors bien sûr, c’est grâce à la politique du grand frère qu’il est là, ça aide pour démarrer, mais c’est pas toujours facile de dire non à ceux avec qui il a grandi, de mettre des limites.
Le quartier est un village, qui est agréable à vivre.
C’est un beau lieu, le chalet. C’est architecturalement chaleureux. Baby-foot, TV, ping-pong, et tout.
Et les projets sports d’hiver, et les voyages, à Rotterdam, Munich, et bientôt Naplouse.
Travailler sur la mixité sociale. C’est tellement difficile de faire venir les filles, de faire des activités qui réunirait filles et garçons. Ça devrait être possible, mais il manque des moyens.
Il manque tellement de moyens. Alors c’est tout dans l’urgence. Pas assez d’animateurs. Tout est dans l’urgence, alors, au lieu de faire de la prévention, de faire des choses sur le long terme, on fait au plus pressé. Du coup, oui, faire venir les filles ce serait bien, mais l’urgence est ailleurs, tout le temps, et il n’y a pas le temps, ni de solution facile.
Sortir, organiser des concerts, aller en voyage ou au théâtre. Éveiller la curiosité. Parce qu’il n’y a pas que les cultures urbaines pour les jeunes des quartiers. La boxe, le rap, le foot, c’est bien mais ce n’est pas tout. Faut jouer avec ça. C’est une amorce possible pour aller vers d’autres choses.