Conversation entre Raymond Depardon et Hans Ulrich Obrist :
Le photographe a toujours un rapport à la distance et au sujet qui est à la fois très fort et très problématique. Ce qu’il fait le contraint toujours à se placer « dedans », et donc dans ce qu’il fait il n’a pas d’autre choix que de livrer une part de lui-même. Mais en même temps, ou d’un autre côté, il est toujours face à cet écueil de se mettre trop en avant et de ne parler que de lui. C’est l’éternel problème du « moi je ».
On ne peut pas simplement postuler que son point de vue singulier possède une valeur universelle !
C’est pourquoi il faut parvenir à le mettre en avant tout en le dépassant. Et puis il y a cette autre question : si on a tendance à mettre en avant ses propres problèmes, ne court-on pas le risque de cacher autre chose ? ce regard est-il toujours authentique dès lors qu’il est autobiographique ? Mais à l’inverse, si l’on reste très distant, ne risque-t-on pas de ne plus toucher les gens ? Toutes ces questions sont posées.