Comme je le disais hier à Jérémie dans la voiture, c’est ma cinquième veillée avec la compagnie hvdz. Je suis passée au niveau 2! Avant, je vivais de concepts. Le matin, je buvais un bol de concepts et je mangeais une tartine de théorie. Ensuite, toute la journée, j’essayais de transformer ces concepts en matière, en art, en vivant. L’air que je respirais, lui-même, venait se mesurer à une grille conceptuelle qui restait la valeur de référence. Aussi, il m’était difficile de danser la valse, par exemple, ou d’offrir un goûter. Pourtant, ce sont des choses simples, c’est évident. Partout où j’allais, j’emportais avec moi une prise de recul et un certificat de doute.
Hier, dans ma promenade rue de l’égalité, j’avais comme toujours emporté le recul dans ma besace. Soudainement, arrivée au milieu des champs, j’ai saisi le recul et je l’ai jeté au loin. ça m’a pris comme ça, sans autre forme de réflexion. Ce qui me permet à présent non seulement de danser la valse, mais aussi, et c’est encore plus important, de commencer à sentir l’amplitude des variations. Variation des villes, variation des habitants, variation des accueils, variation des réponses aux questions que l’on pose et repose et repose encore, en sonnant aux portes, en parlant avec les uns et avec les autres.
Petit à petit, j’ai trouvé une place dans cette équipe hvdz. Et je mesure avec une autre perspective ce qu’il y a de politique dans une telle organisation. Ce qui est posé là sur la table n’est ni plus ni moins cette certitude que tout le monde peut faire, et faire avec talent.