« Bon d’accord mais je n’ai que le squelette ». Elle se lève, va s’asseoir sur la chaise au centre et commence. Jean-Yves scande chacun des éléments de l’histoire par un claquement de mains. C’est un pêcheur sur un lac qui pêche, et qui trouve au bout de sa ligne, un squelette. Terrifié, il fuit mais gardant sa canne en main, il est toujours suivi par le squelette. Arrivé chez lui, il se réchauffe devant le feu, regarde derrière lui, pas de squelette, il se retourne vers le feu, le squelette est devant. C’est un squelette de femme. Le pêcheur s’endort et dans son sommeil, une larme, le squelette la boit et ça se remet à battre. Il suit alors le rythme de son cœur pour chanter et ainsi reprendre chair. Le squelette devient femme bien en chair. « C’est un conte Inuit, d’ailleurs j’ai oublié mais avant qu’elle retrouve sa chair il la couvre de peaux – ça donne le contexte mais pour l’instant ce squelette pourrait se passer n’importe où. » Le squelette donne les repères, c’est l’armature du conte, la chair se compose petit à petit. Quand on raconte, on ne s’approprie pas on épouse, on ne tire rien on ne prend pas, on entoure. On pioche dans son sac à dos, dans sa boîte à Madeleines pour prendre des forces, pour colorer, intensifier l’étreinte. Cette posture nécessite, un certain calme, calme que plusieurs du groupe semble venir chercher. Ce qui se passe la nuit entre le pêcheur et l’ancien squelette, le conte ne le dit pas, il reste évasif. On ne prend pas le conte, on sème et on reçoit des graines… !