Ce soir j’ai ouvert les poèmes de Xavier Grall,
Il nous dit d’aller à la ville
que désormais il est revenu vers ses racines, en Bretagne.
Moi je vis en ville, en banlieue,
Et ce soir, de ma fenêtre, je vois le ciel rougeoyant,
La ville en est toute inondée,
À mes yeux s’offrent des immeubles nacrés de rose,
Des femmes y vivent avec leurs enfants,
Le ciel donne aux hommes,
où qu’ils vivent, des couleurs partagées.
Elles ne sont la propriété ni de l’est, ni de l’ouest,
ni de la campagne,
ni des rives marines.
En ville, elles sont offertes à une multitude de résidents,
– ils ont quitté leur province natale,
– sont descendus des montagnes,
– se sont envolés depuis les sables du Sahara
– ou de Pondichéry ou de Kinshasa.
Pour eux,
les vagues marines sculptant le jusant demeurent: souvenir,
les cascades, voiles blanches des versants: vaine imagination,
les ondulations sablonneuses du bled, du village natal: mirage,
la somptueuse forêt tropicale nourricière: nature saccagée,
du pacifique à l’océan indien circule les marchandises: commerce d’abord.
Tous, nous vivons en banlieue.
Soleil levant,
demain, tu irisera ancre les murs de notre ville.
Et, dès les prochaines fraîcheurs matinales,
une nouvelle aurore viendra peindre
l’atmosphère de notre cité, de lueurs saumonées.
Elle est pleine de vie notre cité, de gens qui vont, viennent,
circulent et résident les uns avec les autres,
richesse des origines différentes,
nouvelles culture en gestation.
Les facultés de l’esprit, de goûts, de solidarité,
des déracinés de la banlieue, créent une humanité rénovée,
mais de beaucoup encore ignorés.
Les êtres humains vivent grâce à leur esprit d’initiatives,
à leurs rencontres, ciment des espaces partagés,
la lumière du même soleil éclaire toujours
la diversité de leurs cheminements.