On a passé un long moment avec Sonia et Shefidin Hamiti. Ils n’habitent pas à la Chesnaie depuis très longtemps mais sont déjà très actifs à la maison de quartier. « Pour l’instant,on est tout deux au chômage, mais partout où l’on est passé on a fait du bénévolat: le bénévolat, c’est croiser des têtes différentes chaque jour, c’est se dire que même sans travailler, tu existes. Je ne travaille pas, mais je suis utile. Et puis on est seuls ici, sans famille, sans amis, ça permet de tisser des liens. Quand on débarque dans un quartier parfois on se replie dans le communautaire, mais je viens du nord de la France et Shefidin du Kosovo, on ne peut même pas faire dans le communautaire, ça ne voudrait rien dire! » nous dit Sonia dans un éclat de rire.
On parle longuement d’emploi avec Sonia et Shefidin, du manque d’emploi surtout. » On est venus sur la région parce qu’on nous a dit qu’il y avait du travail mais en fait non, après, à Saint-Nazaire j’ai un peu l’impression que quand les chantiers s’enrhument, c’est la ville qui éternue! On se dit qu’on est poissards, que quand on arrive le travail s’en va! » dit Sonia dans un sourire, « J’ai fait des dizaines de métiers dans ma vie, mais je n’ai jamais été payée plus que le smic! »
Shefidin enchérit: « moi, j’étais dans la mécanique auto mais j’avais trop de problème de dos. J’ai fait des formations pour me reconvertir. Tu sais ce qu’ils t’apprennent là-bas? par exemple, à bien te tenir face à un patron, tu ne dois pas croiser les bras sur la table, tu envahi son espace! avant je ne me posais pas de questions face à un patron, maintenant je sais plus comment me tenir! J’ai voulu me reconvertir dans la conduite d’engins de chantiers, pensant qu’il y avait du travail, on m’a dit tu dois passer des permis, j’en ai passé trois. Maintenant on me dit que je n’ai pas d’expérience! Dans certaines boîtes on me demande bac +5…pour conduire des engins de chantiers! »