Aujourd’hui on a rencontré Déborah. Déborah s’était manifestée auprès d’Angèle du théâtre pour dire qu’elle aimerait parler du quartier, de son quartier, qui n’est le sien que depuis 5 ans mais qu’elle a appris à aimer. C’est important pour Déborah de venir nous parler et on en est heureux parce que ce qu’elle a à dire nous touche infiniment. « Je suis arrivée ici il y a 5 ans, pas par choix, plutôt de façon subie suite à une séparation, et je n’avais pas le coeur léger. J’avais dans la tête tout ces stéréotypes attachés aux quartiers, aux HLM. Moi, je venais du centre ville, je connaissais le quartier, ayant travaillé à la maison de quartier de la bouletterie, mais travailler dans un quartier et y vivre, ça n’a rien à voir.En 5 ans tout a changé pour moi. ».
On lui demande ce qui a changé justement. » J’ai trouvé ici une entraide, un lien social que je n’ai jamais connu en centre ville. Je suis arrivée ici en tant que parent isolé comme on dit. Dès mon emménagement des voisins sont venus me voir pour me dire: » on habite tel étage, si vous avez besoin de quoi que ce soit, venez nous voir. » Je me suis dit mais c’est pas normal, qu’est-ce qu’ils me veulent ceux là?! Et puis j’ai commencé moi aussi à m’ouvrir aux autres, à participer à des manifestations à la maison de quartier, à m’intégrer à la vie de l’école, je suis déléguée des parents d’élèves maintenant. Je ne me sens pas seule . Si je devais partir d’ici ce serait peut-être pour un village, pour avoir un bout de verdure et retrouver cette entraide mais il manquerait la mixité sociale. Depuis que j’habite ici j’ai compris tellement de choses sur les autres et sur moi. Je me suis ouverte aux autres comme je sens ma ville s’ouvrir: j’ai l’impression que Saint-Nazaire est passée de la ville ouvrière, à la ville ouverte au monde. Je suis fière de ma ville et fière de mon quartier. Je suis du quartier, c’est mon quartier! Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour. Je ne m’étais jamais senti appartenir à un endroit, mais je n’ai plus honte de dire que j’habite en quartier, en HLM et encore moins à la Chesnaie. La Chesnaie, c’est chez moi. »