Le sujet est pris dans le tissu du monde. L’art (les veillées) et une certaine pensée (l’éducation populaire) nous font découvrir le monde où nous vivons, que nous serions tentés d’oublier. Défaire le visage habituel de l’objet pour le montrer dans son apparaître même, dans son apparition vive. Je suis enveloppé par le monde et le monde m’enveloppe. Notre corps doit être pensé comme mouvement mais en tant que ce corps appartient au monde et le monde doit être pensé sur un mode dynamique. La vie est vie par la conscience que nous sommes des vivants (On s’en rend compte toujours un peu plus à chaque portrait, à chaque veillée). Notre mouvement est inscrit dans le mouvement du monde. Notre mouvement peut être caractérisé comme désir. C’est l’intentionnalité qui fait apparaître le monde. Le monde, c’est ce qui se dérobe au sein de chaque présence. Il en va ainsi du désir, le désir est ce qui se distingue du besoin. Cela qui est exacerbé par ce qui le satisfait. Seul le désir est à la hauteur de la profondeur du monde. Désirer, c’est éprouver un défaut fondamental, qui me met en quête d’autre chose (Pour les Veillées, une autre ville, un autre quartier, un autre village). Le désir peut être considéré comme condition de l’apparition du monde. La vie, qu’on définit comme désir, est ce qui m’ouvre au monde. Ce qui m’attire chez l’autre, c’est la possibilité que le monde même se donne en lui. C’est incroyable que le monde puisse se donner chez l’autre. L’amant voit dans l’amant, l’ouvert, l’amant est une fenêtre ouverte vers l’ouvert. On traverse l’autre vers l’ouvert. Ce qui m’attire chez l’autre, c’est comme la possibilité que le monde même se donne en lui. Sinon comment comprendre l’amour ? Au fond ce qu’on aime chez l’autre c’est un monde. Le monde qu’on perçoit à travers l’autre est-il le même que celui qu’il perçoit à travers lui même ? On est tout entier à l’extérieur. Nous sommes exposés les uns aux autres, que ce soit sur un plateau de théâtre ou plus encore dans la rue, pendant les Veillées et les Portraits. Exposés comme une oeuvre, retraduite sur un écran ou sur la scène et cette retranscription relève du mouvement. Le plaisir naît de la possibilité de dessiner le monde qui m’enveloppe dans son apparition vive.