Tout juste rentré de St Nazaire. Hier on a accumulé les réunions jusqu’au soir, tard. Le coeur sur la table. Il faut être convaincant et sincère. Il faut être passionné. Etre là dans le temps présent. Etre le temps présent. Sans réserve. Le coeur transparent qui s’épanche. Comment sinon parler autrement des Veillées et des Portraits ? Se mettre à l’épreuve soi même pour s’autoriser à demander aux gens de jouer le jeu de la confession. Mais quand on rentre le soir à l’hôtel, on se dit que peut-être, on en a trop dit, qu’on aurait dû rester plus mystérieux. On s’en veut, un peu. Forcément. Au matin, on se dit, mais qu’est ce qui m’a pris d’aller raconter tout ça comme si je jouais ma dernière carte. On sait bien qu’on n’a jamais su faire autrement. On ne compte plus le nombre de fois où on s’est fait prendre à son propre piège. Pourtant on sait bien qu’il faudrait se ménager des vacuoles de silence, de temps suspendu, de non-dire. Pour être réellement crédible. Mais on fait toujours le contraire. On dit tout. Comme la parole d’un condamné qui n’en finirait pas. Comme un appel au secours pour bien prouver que même si on n’est coupable de rien (je n’y crois pas une seule seconde), on est prêt malgré tout à tout avouer. A endosser toute la responsabilité. A tout dire sincèrement, infiniment sincèrement, à tout se mettre sur le dos, pour qu’on nous pardonne, qu’on nous excuse. Parler, dérouler les mots, gommer de la tête et de l’idée toute possibilité d’imposture. Alors on parle, on parle pour assurer le monde de notre bonne foi, de notre très bonne foi.
Et au petit matin, tu te dis, fallait-il en dire tant pour qu’on te croit ? Qu’est-ce que t’as sur la conscience ? Qu’est-ce que tu veux prouver ? Fallait que tu sois si sûr d’avoir tout dit, de n’avoir rien caché ? A ce point ? Et ça devient confus, tu te demandes pourquoi tu te détestes tant ? Pourquoi t’as honte ? Pourquoi tu t’en veux tant ?
Tu vois il est sept heure du mat et apres une nuit quasi blanche tu lis ça…dans le blog d’HVDZ..et bizarrement (ou pas) on se sent moins seul!
Je vous embrasse.
Oh! Marie !
« Le rapport aux autres, tout d’abord. Au cœur de notre humanité, ils dévoilent en effet tout ce que peut avoir de dérisoire notre existence au monde tant que nous n’avons pas percé le mystère de la relation humaine. Le rapport au monde, ensuite. Ici et maintenant, ceux qui vivent au jour le jour dans l’insouciance la plus totale, comme tous les excentriques, comme ceux qui préfèrent la marge au centre, tous ceux-là méritent qu’on s’arrête un peu plus sur leur « cas », leurs forces vives pouvant révéler nos propres failles. »
François Cervantes (ça m’a fait penser à cela)