Ce matin je suis allé au collège, à la rencontre d’une classe de 4ème et de leur professeur d’EPS, Mme Perrier. Je venais les initier à l’acrobatie, les élèves m’avaient déjà vu hier lors de la récré…
Nous sommes allés au gymnase, Mme Perrier me dit que l’on dispose de pleins de tapis, naïvement je lui réponds que c’est super mais que l’acrobatie se pratique sans tapis, le parquet c’est parfait.
Les élèves se changent et l’échange peut commencer, garçons et filles séparés, on se frotte, on se tapote les uns les autres, on s’échauffe et les rires de gêne se font sentir et puis on s’allonge au sol, on se roule par terre, étoile et pierre… je leur explique que ce sont deux positions de détente et de force, que l’acrobatie ne doit pas être fatiguante, un élève me dit qu’il a envie de vomir
Et puis on monte progressivement, déplacements quadrupédiques, nord sud est ouest, les jeunes commencent à se lâcher, les corps commencent à parler tout seul, l’animalité prend le dessus, et puis on monte encore position debout, je leur explique que les roulés du début vont nous servir maintenant, on va faire la même chose mais en sautant… ils me regardent d’un air surpris
Et puis on saute, tonneaux, papillons, le temps passe très vite à Bourganeuf, je ne peux pas aller plus loin dans l’acrobatie au sol, on change. Les contrepoids comme début d’une rencontre acrobatique, ni toi ni moi ne tombons parce que nous nous tenons, je prends un risque de chute mais c’est parce que tu ne me laissera pas tomber, c’est ça les portés…
La moitié du groupe s’asseoit et tend la main, l’autre moitié vient pour les relever et on inverse à chaque fois, la puissance est dans les jambes et dans le fait d’accepter de se pencher en arrière pour aider l’autre à se lever.
Je leur explique la communication des corps, sans se parler : je mets ma main sur ton épaule, c’est parce que je veux faire le porté bébé, si je pose mes mains sur tes hanches, c’est toi qui saute et je t’accompagne, si tu mets tes deux mains sur mes épaules tu sautes et je te rattrape, alors on essaie…
Et puis là tous les corps se sont mélangés, plus de différence de genre, tout le monde peut jouer avec tout le monde, un partage de sensation, une approche de la confiance en l’autre
c’est beau cette idée du porté : « je prends un risque de chute parce que je sais que tu ne me laisseras pas tomber » et je me demande qu’elle pourrait être la définition du porteur… mais c’est sûrement la même. Porteur porté le risque de chute est partagé et la responsabilité de son poids et du poids de l’autre…