Ce matin, les artistes-acrobates partent à la rencontre des gens, en dansant. On se divise en deux groupes : Didier, Mourad, Fatiha d’un côté du chemin de fer, Anthony, Camille Dorothée et Marie K. du côté de la rue du Pont de la Deüle. On rentre dans chaque commerce, on commence par une épicerie et les clients du matin sourient devant l’impro de percussions corporelles de Camille et Dorothée dans fruits et les légumes. On traverse la rue et on se retrouve dans la boutique de lunettes que monsieur Reynolds gère tout seul, tous les jours, depuis quelques années. Il nous accueille depuis son comptoir et nous pose toutes sortes de questions. Quand on lui dit qu’on fait un film-spectacle sur le quartier de Dorignies il nous avertit que l’on vient tout juste de passer la limite du quartier, qu’il faut faire attention car ici, les anciens ne blaguent pas avec les délimitations de rues. Mais il est ravi qu’on lui offre une danse. Le café coule tout doucement, et Camille, Dorothée et Anthony dansent en silence parmi les lunettes, les tables et les fauteuils. Ensuite, on s’assoit tous autour de la table, monsieur Reynolds nous parle de la rue marchande du Pont de la Deüle et de tous ses commerces, ses brasseries, ses cafés. Tous les douaisiens s’y donnaient rendez-vous, les bateliers, les ouvriers de l’usine des Asturies qui travaillaient le zinc, les mineurs de fond… « C’était joyeux, et ce magasin dans lequel vous vous tenez, il est ouvert depuis 1950 ». On aurait pu rester encore longtemps à discuter autour d’un café mais on quitte monsieur Reynolds et on lui souhaite bon courage pour la suite, on a encore de la joie à semer plus loin dans la rue.