Revenir sur ce qu’on a fait pendant un mois, pendant deux ans ! Deux années pendant lesquelles on est allé à la rencontre des gens de l’ensemble de l’agglomération dunkerquoise et Rexpoëde pour collecter des témoignages et imaginer, construire ensemble des formes d’art où les gens se sentent concernés par ce qui s’y dit et ce qui s’y fait ! Deux années de Veillées ! Ces dernières semaines Thomas P. nous a rejoints et a écrit une histoire, une fiction, inspirées de ce que nous sommes, de ce que nous faisons quand nous mettons en place nos actions dans les quartiers et les villages. On a appelé cela conférence décalée mais on pourrait dire plutôt que c’est le off, la répétition ou les coulisses de notre travail. Ce qui ne se voit pas d’habitude qu’on a mis en mots et en gestes, dont on a fait une histoire qui est décalée, franchement exagérée dans ce que ça raconte. Les rapports ne sont pas ceux-là, nous les avons théâtralisés pour le jeu. On a fait une pièce de théâtre. Thomas a écrit une pièce de théâtre à partir de ce qui se passe entre nous dans la salle qu’on appelle le Q.G (quartier général). Il a fait des personnages à partir de ce que nous sommes dans la vie réelle. C’est parfois très proche et parfois ça n’a rien à voir. C’est un nouvel essai, une nouvelle tentative pour la compagnie. Une autre mise en abîme. A la Concorde la pièce, qu’on pourrait appeler d’un titre pirandellien, huit veilleurs en quête d’eux mêmes (je me trouve dans l’amour de l’autre) sera jouée en début de soirée. Et on enchaînera par la Veillées des Veillées. Chaque partie dure à peu près une heure. Pirandello, Tchekov, Bergman, Casavettes… quand on a commencé le théâtre on voulait faire comme tous ces gens là. Maintenant on est loin de tout ça puisqu’on pratique avec les Veillées une autre façon de faire de l’art et la Culture. On se met au service des personnes pour faire avec et pour eux des films et des spectacles. A la Concorde, on donnera à voir plein de facettes de notre travail, un chemin qui va des premières amours (on y retourne toujours) jusqu’aux Veillées, Portrais, Instantanés… Tout cela produit un drôle de mélange, des influences qui viennent de directions très différentes. On s’est construit avec tous ces héros qui nous constituent. Pour les dernières soirées à la Concorde, c’est comme si on voulait tout dire. Tout vous dire et tout faire. Aller jusqu’au bout. Peur d’oublier quelque chose…