Le week-end, c’est relâche. On sort de notre bulle, on revient au monde. On vaque à ses occupations quotidiennes, et de temps en temps, en un éclair on repense à une rencontre que l’on a faite durant ces deux semaines passées à Loos en Gohelle.
Heureusement que dans le Monde, tout va bien. Mr Bernard Madoff, ancien patron du Nasdaq, le marché des actions en Bourse aux Etats-Unis, vient d’être arrêté, coupable d’une fraude boursière estimée à cinquante milliards de dollars.
On pense, d’un seul coup, à ce monsieur, rencontré sur le Marché de Liévin, et qui avait accepté de poser devant la caméra avec une phrase, avec sa petite famille : Après avoir longuement choisi leurs phrases, ils posent, d’abord sa fille, si jolie, puis ensuite lui avec son petit garçon Mourad, ensemble.
Tout va bien comme en Grèce où les policiers font très bien leur travail. Un adolescent de quinze ans tué de trois balles par un policier et quelques nuits d’émeutes plus tard, il doit bien s’en mordre les doigts celui qui a fait çà, tout le pays à feu et à sang, et la colère qui enfle.
Et, d’un coup, par une bête association d’idée, on pense aux lycéens rencontrés lors d’une sortie essayage de texte devant Robespierre. D’abord il ne sont que deux, deux lycéens à qui nous demandons, dans le froid, alors qu’ils attendent le bus si ils acceptent d’écouter le texte que j’ai a leur dire. Poliment, ils acceptent, Jean-Christophe commence et tout à coup ils sont une quinzaine à sortir du lycée, à nous entourer, à nous demander ce qu’on fait, avec la caméra et ces textes. On reprend au début, ils font mine d’accepter, amusés à l’idée de poser devant la caméra, et peu à peu leur attitude un peu bravache se transforme en vraie écoute, ensuite on discute, ils parlent du lycée, du mouvement lycéen en train de naître, disent quelques mots sur leur envie que ça décolle aussi ici à Lens.
Et tout se mélange un peu comme ça, toutes ces belles rencontres, et le Monde qui continue à tourner.
Préparer la Veillée. Penser à cette phrase de Bertolt Brecht :
Celui qui lutte peut perdre, celui qui ne lutte pas a déjà perdu.
Poétiser le réel. Politiser le réel, aussi.