Jour trois. Mercredi. Autant dire que déjà c’est l’avant veille de la présentation de vendredi. Ça passe vite. Marie a laissé des commentaires sur le blog. Si c’est le chemin qui compte, ne jamais perdre le fil et se souvenir que le but, au final, est le partage et la transmission. Partager les résultats d’une recherche, avec le public, avec les gens. Se faire échelon d’une transmission, chaînon d’une lignée à qui on doit tant, tout. C’est vrai que, si la présentation n’est pas une fin en soi, elle donne un peu de sens à nos recherches. On en a longuement parlé. De cette culpabilité d’être là, dans un théâtre, en tant qu’artiste, à chercher et à y prendre un plaisir certain. Une impression, un arrière goût d’usurpation, usure-passion, de jouir sans entrave d’un privilège que nos discours récrient à longueur d’année, à longueur de Veillées. Notre refus d’être artiste dans une tour d’ivoire, d’être le cœur d’une exception culturelle et de ses contradictions. Notre affirmation permanente : être artiste est la chose la mieux partagée au monde. L’absurdité d’être là plutôt qu’ailleurs avec tous ceux qui voudraient avoir une pratique artistique, tous ceux avec qui on pourrait partager ça. Oui, il y a dans les labos une vraie contradiction, que l’on n’assume pas complètement. On a évidemment une pensée pour le pavé, pour Annaïg, Franck, Gaël et Anthony, avec qui on a longuement débattu de ces questions là.
Est-ce qu’avoir une pratique artistique signifie de facto être artiste ? Est-ce qu’être artiste signifie avoir un statut d’exception ? Est-ce qu’on peut avoir une pratique artistique sans pour autant avoir la prétention d’être artiste ? Et si c’était cette prétention à un statut, seule, qui justifiait la différence entre artiste et amateur…? Vu sous ce jour, être artiste n’a rien de reluisant, et seul l’ego fait briller.
Marie parle du nombril, cicatrice de notre lien aux autres. Ne pas oublier la transmission.