Entendu à la radio sur le répondeur de l’émission Là-Bas Si J’y Suis sur F. Inter et podcasté sur reso.net. Ecouté ce matin du 11 nov : Rescapée d’une guerre dont je ne connaissais pas le nom : la maltraitance programmée. Ni ses armes : stresser, isoler individualiser, déstabiliser, culpabiliser, désolidariser, faire peur, faire bouger, mépriser, humilier, nier, annuler. Je vous ai raconté le comportement indigne d’un médecin expert de France Telecom qui en bon petit soldat avait exécuté la règle numéro un de l’entreprise : un bon employé est un employé qui part, en me faisant chasser de son cabinet parce que disait-elle j’étais dangereuse. Ce que j’ai compris avec le recul : tous les moyens absolument tous sont et seront utilisés pour expulser les indésirables. Chacun de nous peut être un indésirable. On fragilise qui peut l’être et on élague. Le cynisme du système et des personnes qui s’en font les rouages par complaisance ou par peur est infini, insondable et à mon avis inébranlable parce que ce n’est pas l’actualité dramatique qui va changer quoique ce soit. Personne n’est réellement ému par les suicides. Juste un peu. Embarrassé, néanmoins parce que les médias apportent un éclairage fort sur la boîte et les règles du jeu risquent d’apparaître au grand jour et même peut être que parmi le petit personnel qui s’investit tant dans son travail qu’il en oublie sa vie, certains d’entre eux, toujours plus nombreux ne seront plus dupe. Notre arme à nous, c’est de comprendre comment fonctionne la machine à broyer. Soyez dangereux, chers collègues, soyez dangereux pour le système, dangereux de toute votre lucide humanité ! Les prises de conscience sont salvatrices mais paradoxalement douloureuses. Il s’agit de tout un système de valeurs auquel on croyait et auquel il va falloir renoncer. Mais renoncer n’est pas un échec. Et abandonner des illusions, ce n’est pas être abandonné soi-même. Quand on comprend ensemble, qu’on échange entre nous et qu’on vit solidairement les choses. La lucidité est la blessure la plus proche du soleil, nous dit René Char. Merci à Là-bas si j’y suis de nous avoir apporté de la lumière pour nous en approcher…