Didier et Flora ont rencontré Simone Hénaut et ses deux fils. Simone, qui a 82 ans, était fille de mineur, à Calonne-Ricouart, et elle a été cul-à-gaillette et lampiste et infirmière et bonne dans une maison bourgeoise et femme de ménage dans un lycée. Elle a jamais arrêté de travailler. Quand elle s’est mariée, elle est allé voir l’ingénieur pour lui demander si elle pouvait continuer à travailler, parce que normalement, après le mariage, les femmes ne travaillaient plus, elles restaient à la maison. L’ingénieur lui a dit que c’était bien la première fois qu’on lui demandait ça, mais qu’il y voyait pas d’inconvénient. Elle dit qu’elle était contente d’avoir sa quinzaine bien à elle.
Simone et ses deux fils habitent à Méricourt depuis les années 80. Simone y venait quand elle était petite, parce que son oncle Jules était cheminot. Elle y passait les vacances avec sa cousine. Simone s’est souvenu de plein de choses quand elle est venue habiter par ici. Les souvenirs sont revenus : la piscine des cheminots et le maillot de bain que lui avait fait sa tante, les sorties à Lens, pour faire les boutiques, la trottinette à pédale de sa cousine, avec laquelle elle faisait le tour de l’école pendant tout son dimanche, tellement elle trouvait ça merveilleux…
On compare la vie de mineur et celle de cheminot : les cités fonctionnaient un peu pareil, mais celles des cheminots étaient un peu plus luxueuses, ils gagnaient un peu plus. Et puis les cheminots se déplaçaient beaucoup plus que les mineurs au cours de leur carrière, ils pouvaient être mutés. Les cheminots, en plus, avaient le train gratuit, mais les mineurs, eux, avaient le charbon.
On a parlé aussi des idées qui se déplacent, du communisme, de comment ça circulait. Le fils de madame Hénaut dit Ils évitaient qu’il y ait trop de contacts entre les différentes cités, parce que les ouvriers risquaient d’attraper des idées.