Monsieur Dhaussy habite place des hêtres. La maison en face de chez lui a un pylone dans son jardin. Mais chez Monsieur et Madame Dhaussy, c’est fleuri : géraniums, bruyère, rosiers, lierre, papillons. Entre le jardin d’agrément de Madame et le jardin potager de Monsieur, on a fait une limite, parce qu’un jardin potager, vous savez, l’hiver, c’est triste.
Quand il a pris sa retraite, Monsieur Dhaussy a choisi de s’investir dans des structures associatives. Le Secours Populaire, les Restos du Coeur, un club de sport et puis l’association Il était une fois La Sentinelle, qui s’occupe de l’histoire d’ici (et d’ailleurs). Pour ne pas s’ennuyer, pour rencontrer des gens et puis pour inventer le futur, aussi, quand même. J’avais un copain qui disait À La Sentinelle, y’a tellement d’assos que même sans avoir de ruisseau on a réussi a fonder un club de pêche. Vous savez, si j’ai aimé l’histoire c’est que j’ai des souvenirs de mes grands-parents qui me racontaient des histoires. Alors, la transmettre. Vous savez, une éducation, on est pas toujours sûr de la réussir mais enfin il faut la faire. C’est comme l’art. J’ai fait des ateliers de théâtre, avec mes élèves, quand j’étais encore instituteur. Alors je m’en doutais théoriquement, mais je l’ai vérifié tout au long des années dans la pratique : avec l’art, certains élèves s’effaçaient et puis d’autres se révélaient. Et souvent, c’étaient pas les mêmes qu’en classe. Alors, une éducation. Le fruit n’est pas immédiat. Il y a la rébellion – la rébellion fait partie de l’éducation. Il faut attendre. Le patrimoine, comment le maintenir vivant? Vous savez quand quelque chose s’arrête, on est pressé de voir ce qu’il y a après. ça n’est qu’après qu’on se rend compte que c’est du patrimoine.