Un temps de résidence – des actions culturelles et artistiques– un blog – un film-spectacle

IMG_0466

Les veillées, et les portraits, c’est un spectacle constitué d’une mise en œuvre de performances, d’actions artistiques qui génèrent l’écriture de textes, de chorégraphies et la fabrication de films qui rendent compte de la rencontre d’artistes avec des populations. C’est rendre compte d’une histoire, une drôle d’histoire simple. C’est créer à partir de ce que les gens nous racontent et à partir de ce qu’on a besoin de dire sur le monde. C’est aller à la rencontre et en rendre compte à la manière d’artistes qui s’emparent du réel et qui prennent position (politiquement, artistiquement, je veux dire). Le fil de l’œuvre qui se fabrique au long des entrevues, des errances et des performances, c’est la ville ou les quartiers en question.

Non contents de fabriquer nos spectacles pour dire notre désir de justice sociale et d’égalité sur les plateaux de théâtre, nous descendons dans la rue, à la sortie des supermarchés, sur les places publiques, nous allons dans les cages d’escalier pour discuter et développer en direct le processus de création avec les acteurs vrais des quartiers. Faire du spectacle vivant. C’est faire du spectacle vivant ! Et on y mêle danse, théâtre, vidéo, cirque et paroles d’habitants.

Ce sont des créations successives. Chaque résidence-création est un nouveau spectacle conçu avec les acteurs d’une ville où la compagnie s’installe. Le spectacle particulier des veillées sort de l’ordinaire. Il se crée au fur et à mesure des rencontres, de la présence de la compagnie ici, là, ou ailleurs comme un travail en évolution qui se termine par une représentation qui raconte la cité, l’art, les populations vus par une troupe d’artistes – errants – vagabonds – flâneurs – situationnistes qui hument, respirent, discutent, dansent. Au coin d’un bar, au milieu d’une rue, au balcon d’un immeuble, près d’un arrêt de bus.

Au final une représentation qui mêle tous ceux que ça intéresse et ceux qui ont participé à l’aventure. Des gens qu’autrement rien ne réunirait. C’est ça l’histoire, c’est ça le risque ! Sinon à quoi bon.

Guy Alloucherie


 

 


Présentation

Au centre de loisir Monseigneur Delaval hierUne résidence artistique,

Une rencontre avec un territoire et ses habitants

Un spectacle construit de ces rencontres avec les habitants

« C’est par tous les moyens cirque, danse, théâtre, vidéo, aller à la rencontre des gens pour collecter des témoignages et inventer ensemble des formes d’art où les gens se sentent concernés par ce qui s’y dit et ce qui s’y fait »

« Ces projets sont fait de toutes ces rencontres et d’allers et venues, de promenades, de marches dans les rues et d’interventions artistiques qui mettent en jeu les habitants des quartiers populaires et les salariés de la compagnie pendant le temps de nos résidences. »

Les projets de création, de recherche et de développement artistique culturel de la Compagnie HVDZ s’inscrivent dans la ligne défendue depuis plusieurs années, celle d’un engagement pour le développement d’une culture commune exigeante et populaire.

HVDZ déploie son projet artistique et culturel à partir de son territoire proche, les cités minières au carrefour de Lens et Liévin et de là, plus loin dans la région, en France et à l’étranger.

Cherchant à faire coïncider « recherches artistiques, action culturelle et engagement militant », la compagnie est engagée dans un travail d’écoute et de lien, qui questionne le monde qui l’entoure et s’interroge sur la place de l’art dans la société.

Le travail sur les récits de vie, la mémoire ou la culture ouvrière sont autant de sujets qui nourrissent son écriture et sa parole. Une autre constante dans la définition de son langage s’appuie sur le décloisonnement des genres artistiques (théâtre, cirque, danse, arts plastiques) qui mène à atteindre un point d’équilibre esthétique entre geste et parole, engagement physique et militant.

Guy Alloucherie et la compagnie Hendrick Van Der Zee proposent depuis 11 ans dans la région, ailleurs en France à l’étranger, des résidences-spectacles qui se ré-inventent chaque fois, faites pour et avec les habitants des quartiers, des villages visités, l’art et la culture comme source de conversations.


Les résidences de création in situ se déclinent en trois temps :

Le TEMPS DE DONNER

Pas-de-basketteur aux vidéoprojecteurs

L’équipe séjourne une ou deux semaines dans un quartier, un village, y prend place et rayonne à partir d’un lieu identifié par les habitants (salle municipale, maison de quartier, …) jusqu’aux limites de ce territoire en multipliant les actions artistiques. Il s’agit d’être ouvert à toute éventualité, à toute forme de rencontre. S’inscrire dans le quartier, y gagner une légitimité.

Chaque résidence, du fait de son lien à un territoire et à ses habitants, est original et impose d’inventer à chaque fois. Ce sont les échanges entre les dynamiques des artistes et celles des habitants qui engendrent ce dynamisme.

Pendant une ou deux semaines, les artistes de la compagnie s’inscrivent dans le quotidien du bassin de vie pour :

parler d’art et de culture, mener différentes actions et ateliers artistiques (théâtre, danse, vidéo, arts plastiques…) avec les habitants, les structures associatives, les écoles, collèges, lycées…
investir l’espace public (propositions artistiques impromptues dans les rues, les commerces, les places publiques, les cours d’écoles, etc)

LE TEMPS DE RECEVOIR

Le concept de ces résidences de création est de susciter la rencontre entre des artistes et les habitants d’un territoire. Pour ce faire, la compagnie mène durant son temps de résidence, de nombreuses entrevues avec les personnes qui leur offrent leurs mots, acceptent de se raconter, de partager leur culture avec la compagnie. Nous sommes bien souvent témoins d’une vitalité, de volontés créatrices, d’un désir et d’une lutte pour mieux vivre ensemble. Nous relayons les actions, les paroles et les réflexions.

Au cours de chaque résidence, nous voyons s’architecturer le quartier ou village dans lequel nous sommes installés via les rencontres que nous faisons. Les habitants nous guident, nous font découvrir leur espace, définissent les limites des territoires, donnent vie au lieu, nous donnent à voir l’invisible. Via les interviews et les conversations se développe une certaine intimité qui permet d’interroger le rapport singulier qu’entretient chacun avec l’art.

LE TEMPS DE RESTITUER

Nous ne sommes ni des journalistes, ni des sociologues, c’est notre regard d’artistes que nous offrons aux habitants. Durant ces résidences, la compagnie collecte une matière dense et brute. De cette matière, la compagnie entend faire une œuvre d’art, une expression artistiques à la fois populaire, exigeante et engagée. La fin de la résidence donne lieu à un film-spectacle qui fait le lien entre les images d’un territoire, de ses habitants et celles qui naitront de la danse, du cirque et du théâtre. Au terme de la résidence, la compagnie créé donc un spectacle, montage de textes, films et danses qui reflètent la richesse d’un territoire et qui offre aux habitants la possibilité de voir d’un œil nouveau et positif leur quartier ou village. Cette soirée, qui se déroule au cœur du territoire, tous sont conviés pour un temps d’échange et de partage.

Cette démarche artistique prend aussi la forme d’un journal de bord publié sur le blog (http://www.hvdz.org/blog/) alimenté au quotidien de photos et de textes qui évoquent, racontent notre parcours au sein du territoire et avec les habitants. Ces derniers ont la possibilité d’inscrire leurs commentaires, de réagir. Ce blog est, en outre, l’occasion de partager la richesse de cette expérience artistique à destination d’un public plus large et d’ouvrir les frontières des territoires de nos résidences.

Vidéos

EQUIPE DE CRÉATION
 Collectif HVDZ avec les habitants des quartiers

COLLECTIF DE CRÉATION
 Guy Alloucherie, Jérémie Bernaert, Martine Cendre, Didier Cousin, Flora Loyau, Howard Richard

Les acrobates, comédiens, danseurs, techniciens, blogueurs qui ont participé aux Veillées :
 Marie Letellier, Frédéric Arsenault, Mathilde Arsenault-Van Volsem, Camille Blanc, Maggie Deleglise, Iffra Dia, Dorothée Lamy, Alexandre Fray, Hervé Hassika, Frantz Loustalot, Hassan Razak, Pierre Staigre, Guillaume Legras, Jean-Louis Vandevliet, Catherine Pavet, Lionel About, Leïla Ariche, Frédéric Barrette, Blancaluz Capella, Manuelle Haeringer, Caroline Masini, Rafael Moraes, Tamires Souza dos Santos, Eros Valerio, Paulo Chamon, Rubia Neiva, Rodrogo Rojas, Cynthia Domenico, Marco Diniz, Howard Richard, Charles Davidson, Ester França Monteiro de Barros, Marisa Riso, François Paco Meslouhi, Mascote, Fabio Dornas, Sébastien Radouan, Isabelle Ribot, Eva Sol, Charlotte Rigaut, Marion Collé, Mathieu Gary, Yasmin Rahmani, Marie Stevenard, Mourad Bouhlali, Isabelle Hazaël, Marie Bouts, Christophe Guilloteau, Thierry Montaigne, Solenn Goix, Julien Leonelli, Ricardo Montserrat, Alexandre Rabozzi, Zelda Gourru, Bénédicte Alloing, Lucien Fradin, Marie Décima.

PRODUCTION : 
Compagnie Hendrick Van der Zee
Culture Commune scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais. 
Avec le soutien de la DRAC Nord/Pas–de Calais, du Conseil régional du Nord/Pas-de-Calais, du Conseil Général du Pas-de-Calais.

Mots entendus après le film-spectacle

Maxime, un spectateur, qui est aussi dans le film-spectacle parce que nous l’avions rencontré à La Musette à Guesnain, et qu’il avait répondu devant la caméra à la question « si le Douaisis était une chanson, ce serait quoi »… Maxime, en sortant de la salle après le « Portrait », a dit :
« quand je vois tous ces gens qui s’impliquent pour aider les autres, je me sens égoïste. Je ne suis pas dans des associations mais à voir ces personnes qui s’engagent avec l’énergie et le sourire… je me dis que ça va changer ! »

répétitions dans l’après-midi

Le film-spectacle, le Portrait du Douaisis, c’est à 19h, dans la très belle salle du château de Bernicourt. Là, c’est l’après-midi, on répète, on passe les vidéos, on répète les danses, la chorégraphie des mains de Cathy, l’adage devant les interviews à l’Episol. On sait que le château de Bernicourt, à Roost-Warendin, c’est loin et pas facilement accessible. Mais on espère beaucoup voir du monde ce soir, et retrouver aussi, parmi les spectateurs, les personnes que nous avons rencontrées pendant toute la semaine.

 

Tomber !

La rencontre avec les personnes qui travaillent sur la précarité, qu’il s’agisse des épiceries solidaires, du secours populaire ou encore du secours catholique, nous plonge dans les réalités des parcours de vie. Les personnes précaires leur témoignent souvent « Ça fait du bien d’être écouté ! ». Cette écoute sans jugement est un premier besoin.
Ces humains qui accueillent les personnes en grande difficulté sont toujours étonnés par la fragilité des parcours de vie. « Ces personnes en précarité ont parfois un emploi, c’est absurde ! ». Et pourtant ! le reste à vivre est de moins de 10 euros par jour, par personne et par foyer. Ils nous expliquent leur surprise de la banalité d’une dégringolade : un divorce, la perte de leur emploi… Et parfois, il suffit de pas grand-chose, la perte d’un permis de conduire, un passage à la retraite pas raccord et des agios qui s’accroissent inexorablement.
Ces personnes qui accueillent, témoignent « Ces accidents de la vie sont rarement liés aux personnes, mais sont bien souvent causés par des dysfonctionnements de l’organisation de la société ».
La période du covid et l’inflation ont aggravé la situation.
Ces humains qui accueillent et nous accueillent sont souriants, rayonnants, chaleureux. Ils sont là où ils veulent être et font ce qu’ils ont à faire. Faire que des gens ne tombent pas, pour que notre société ne s’écroule pas !

La grève des mineurs de 1963

Cette grève des mineurs de 1963 n’a rien à voir avec l’alimentation ! Pourtant, au gré de nos rencontres, cette grande histoire nous est contée. Le courage, l’abnégation de ces mineurs qui ont souhaité conquérir leurs droits. Ces travailleurs qui ont milité pour une vie digne fait écho à cette société actuelle qui ne permet plus à des personnes avec un emploi de vivre dignement.

L’Histoire, ils nous la racontent pour nous dire la régression et la dégringolade du système social d’aujourd’hui. Les personnes en difficulté ne sont pas un chiffre, un simple constat, ce sont des Humains, des familles, des enfants, des réalités quotidiennes qui sont inacceptables dans un pays comme la France.

Alors, la grande histoire, ils nous la racontent comme un rappel, une alerte qui encourage à ne pas baisser les bras. Ils nous racontent la solidarité à l’échelle nationale pour que ces mineurs tiennent le coup d’une grève qui leur coute leur salaire, leur capacité à nourrir leurs enfants. On nous a raconté : « Imagine ! Ces mineurs ont mis leurs enfants dans des cars sans savoir où on les envoyait. Ils savaient seulement qu’ils seraient accueillis, bien nourrit par des familles non mineurs qui les soutenaient pour que eux tiennent le piquet de grève ! »

Une solidarité qui n’avait pas de frontière géographique, pas de frontière culturelle, pas de frontière sociale. Un élan de solidarité, un moment dans l’histoire où nombreux sont ceux qui ont souhaité créer un monde juste.

Voir le reste dans le blog