Conférence sur la question de l’homme-patrimoine.

Est-ce que je fais partie du patrimoine ? C’est la question que je me pose !
Est-ce qu’au même titre que le site on pourrait me visiter pour des journées du patrimoine.
Est-ce que je vaux une brique (çà représente à peu près un million d’anciens francs) ? Ou plusieurs – mais peu importe, là n’est pas la question.
Je suis inscrit dans le patrimoine puisque je travaille au 11/19 depuis sa réouverture en 1998.

Une brique ? On connaît l’expression, mets ta tête dans le mur il manque une brique.
Mais çà ne peut pas être n’importe quelle brique puisqu’il s’agit d’un bâtiment (classé) du patrimoine. Qui fait partie de l’histoire. Faut avoir la tête du patrimoine. Comme on a la gueule de l’emploi. Correspondre au rôle ; ça tombe bien c’est mon métier (usurpé).

Je me rappelle que quand j’étais gamin, j’avais laissé tomber une brique sur la tête d’un camarade d’école qui s’appelait Jannick Merlin que j’ai retrouvé il y a quelques années au café théâtre de l’Abattoir à Lillers. Qu’on pourrait classer aussi au patrimoine.
L’Abattoir et Christian Legay.

Mais en ce qui me concerne je peux être cité à l’ordre du patrimoine à double titre : 14 ans de compagnie associée au 11/19 et fils de corons.
Je propose une conférence sur le thème du patrimoine qui pourrait démarrer par une brique que je tenterai d’interpréter…

Guy Alloucherie

Petites réflexions

LES JOURNNEES DU PATRIMOINE
Vous parler de cette inscription concrète et complète dans le patrimoine qu’on a essayée lors du stage du mois d’août. Jérémie a tenté de me plaquer contre un mur. Voire de m’y enfoncer. Comme dans le roman de La carte et le territoire, le personnage, le narrateur, l’auteur du livre devient la victime d’un artiste contemporain qui utilise son corps pour une exposition du type des actionnistes viennois. Un corps qu’on aurait inscrit dans un mur de briques ou un mur de briques qui serait venu s’inscrire autour d’un corps comme la nature reprend ses droits après l’abandon, la disparition. Ici à la différence des herbes folles qui percent le bitume ou des vers qui dévorent le cadavre, c’est les briques qui marqueraient mon empreinte pour m’enfermer à jamais dans leur sarcophage. Coluche aurait dit briques ou pas briques c’est l’histoire d’un mec, à la fin, y meurt. Tentatives parmi d’autres. Liste non exhaustive. Inspiration Edouard Levé. Une sépulture de briques ou gros minet, un gros minet à la poursuite d’une souris qui s’aplatit contre un mur de briques.
LES BRIQUES AU TRAVAIL
Faire un DVD avec des chapitres dans l’ordre des séquences. Ensuite avec la musique. Laisser tourner du début à la fin avec chapitre et temps de noir. Inscrire dans la vidéo les anecdotes. Enregistrer les textes sur un md dans le timing du spectacle. Md qu’on laisse tourner du début à la fin J’ai demandé à Jérémie de jouer à la guitare l’intro de Ziggy Stardust ou suivant l’expression il a proposé de mettre sa tête dans le mur car il y manque une brique.

On peut envoyer les images, Jérémie la tête dans les briques et petit bonhomme dans le champ de neige, dès le début. Je suis assis à la table et je travaille sur les photos de famille (il me faudrait deux écrans de télé, un de chaque côté de la scène). Toutes les photos sont sur la table et je passe d’une photo à une autre… Je barbouille certaines photos. Je commente….

Au H.F -j’avais dit que je commenterais ces photos. Oh mon dieu c’est moi là… ou des choses comme ça. C’est moi mais ça pourrait être n’importe qui d’autre… C’était dans les corons à N°3. Le pays à tonniaux ou ches boyaux rouges. Ici tout est rouge… Même le ciel. Les briques sont mélancoliques. assombries par le temps. Ça a à voir avec les journées du patrimoine puisque les corons à l’heure d’aujourd’hui ça fait partie du patrimoine industriel. J’ai vu ça à Lewarde (musée de la mine) l’autre jour; ça m’a fait un coup, mon enfance est au musée. Comme l’impression qu’on pouvait visiter le fond de mes entrailles. Comme dit Martine Cendre, c’est encore frais. Je suis un pur produit du bassin minier.
ON N’EST PAS SORTI DE L’AUBERGE
On continue à briquer. C’est le nettoyage de printemps… On a briqué une grande partie de l’après midi. On a parlé de briques, de briqueteries et de briquettes. Et de biquettes (d’où l’idée d’aller acheter une chèvre sur roulette (une peluche) et lui peindre un pelage de briques, qu’on appellerait briquette). Imaginons une usine à briquettes. Imaginons des biquettes sur roulettes peintes de rectangles rouges qu’on verrait sortir de l’usine. Prêtes à l’emploi. Et puis on a exposé des briques seules sur des sols sales. Et on a explosé des briques de colère. Rouge. Comme la brique et la colère. Et on a recréé un casse briques en vidéo avec des vraies briques. On a pensé à une expo du type Boltanski. Présenter dans une vitrine une série d’objets ayant apartenus à une brique. Mes lunettes, mes chaussures, ma ceinture…, et mon sac d’où on pourrait extraire une brique et tout le reste dont je pourrais faire l’inventaire (Surtout les médicaments. Dans les mines on avait la médecine et les médicaments gratuits). Puis remplir mon sac lourdement d’une tonne de briques et sauter sur place ou faire maintes fois le tour du plateau en courant. Le sac sur le dos. A l’image du travail d’Angelica Liddell. A corps perdu. A brique perdue. Et prendre l’empreinte des briques sur des linges blancs. Après les avoir plongées dans du faux sang de cinéma….

PROPOSITIONS DE TRAVAIL POUR LA BRIQUE
– Regarder la photo d’une brique et dire ceci n’est pas une pipe mais la représentation d’une brique.
– Objets ayant appartenu à une brique (Boltanski) : les vêtements que j’ai sur moi et vider mon sac et faire l’inventaire de mon sac.
– Remplir mon sac de briques, courir, sauter et parler d’Angelica Liddell.
– Chercher des gens qui s’appellent La Brique. Comme Jochen Roller qui cherchait des gens qui s’appelaient Jochen Roller pour les interviewer.
– Faire une litanie des oeuvres d’art contemporain qui contiennent des briques.
– Photographier ou filmer une ville, un village, un hameau qui s’appelleraient La Brique .
– Des briques différentes qui symboliseraient des gens de ma famille. Faire des photos montages avec des gens à tête de brique.
– Compter les briques comme on compte les moutons.
PROPOSITIONS POUR LA BRIQUE
Une brique c’est rigide, c’est droit, c’est plat, ça se soumet facilement, ça fait pas d’histoire. On a été éduqué comme ça. Pas se faire remarquer. Disparaître derrière l’affiche. Passer inaperçu. Se faire oublier. Aller voir ailleurs si j’y suis. Se fondre dans le paysage. Va-t-en surtout pas te faire remarquer, qu’elle disait ma mère. Rien demandé pour être au monde. Une brique parmi d’autres. Une brique de trop? Aller filmer dans la cour d’une école des gamins à tête de brique. La brique du bassin minier, elle avait pas le droit de la ramener. Elle faisait son travail. C’est tout ce qu’on attendait d’elle. Mais maintenant voilà qu’elle veut être inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Si je suis une brique du bassin minier du Pas-de-Calais, c’est pas maintenant que je vais commencer à la ramener. Ça vient de loin. Ça tient du don de soi. De la remise de soi. Tout était pris en charge de la naissance à la mort. On s’occupait de tout pour nous alors à l’inverse il fallait faire comme on nous disait. Filer droit. Pas la ramener. Tu risquais gros. Toujours tête baissée. A force de n’avoir jamais droit de cité, de l’ouvrir tu finis par ne plus savoir quoi dire, ni d’avoir d’opinion sur rien. Et aujourd’hui c’est toujours aussi vrai que dans le temps. Vive la brique réfractaire!
MOSCOU PARIS
Ça me rappelle les Trois Soeurs de Tchekhov. A la fin de la pièce Olga dit, je voulais aller à Moscou je n’y suis pas allée, je ne voulais pas être directrice d’école, je le suis devenue… Je pourrais reprendre le monologue à mon compte et dire, je voulais aller à Paris, je n’y suis pas allé, je ne voulais pas être acteur, je le suis devenu. Quelle imposture! Et cet autre personnage dans les Trois Soeurs qui s’appelle Touzenbach… Si je pense aux briques et à ce qui m’oppose, me rattache, me colle aux briques, Touzenbach dit si je devais mourir bientôt je serais comme un arbre mort parmi les autres arbres je continuerais à me balancer dans le vent avec les autres. Je participerais encore un peu d’une certaine manière à la vie. Moi je me dis quand je serai mort, parce que bon… je retournerai au grand tout et je serai un atome parmi les atomes , sans doute un atome de de de… brique. Et là je pourrais sincèrement jouer mon rôle. A N°3 de Ferfay, il y avait une briqu’trie… C’est comme ça qu’on disait et Jérémie m’a dit qu’on prononçait le “e” de briqueterie. Alors j’ai pensé que si on fabrique des briques dans une briqu’trie, on fabrique sans doutes des briquettes dans les briqueteries. Du coup on a inventé un personnage fantasmagorique, la briquette qui est un hybride, entre la brique et la biquette…

Vidéos

Documents à télécharger

DISTRIBUTION :

Mise en scène : Guy Alloucherie
Avec : Guy Alloucherie
Collaboration artistique : Martine Cendre
Création vidéo : Jérémie Bernaert
Crédit Photo : Jérémie Bernaert
Lumière : Pierre Staigre

CONTACT :

Anne Buffet
T. 06 61 14 44 48
T. 03 21 14 24 90
contact@hvdz.org

CORÉALISATION :

Culture Commune – Scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais
Compagnie Hendrick Van Der Zee

Avec le soutien de la DRAC Nord Pas-de-Calais, du Conseil Régional Nord Pas-de-Calais et du Conseil Général du Pas-de-Calais