C’est ma direction

Tous éparpillés. Au quatre coins du monde. Tout bien remballé, chargé. Dans les camions , les trains, les voitures. Ne rien oublier. Faire l’état des lieux. Rendre les clefs. Imaginer qu’un jour, on reviendrait. Sur le moment, on en est sûr. Mais on sait bien que rien n’est moins sûr. Même carrément certain du contraire, à vrai dire ! On a fait (comme on dit) Avignon en tout et pour tout une petite dizaine de fois. La première fois qu’on est venu au festival, on était tout juste sorti du lycée. Ça ne date pas d’hier. Un camarade avait de la famille à Villeneuve les Avignon. On avait dormi dans leur jardin, sous la tente. Cette année je ne suis monté qu’une fois à Villeneuve les Avignon, pour consulter une ostéopathe. Le dernier jour de relâche. Impeccable ! Elle m’a remis dans le bon sens.

la vie est une gare, un jour, je partirai, où ? -j’en sais rien

Et c’est fini ! Cette nuit, ça démonte ! Tous les techniciens-magiciens sont sur le pont, jusqu’à l’aube, pour tout démonter ! Le festival est terminé ! Jusqu’à l’année prochaine. On a eu une belle quarantaine de personnes pour cette dernière de La Brique à Avignon (off). En tout cas, on ne regrette pas d’être venus. On a eu du monde, vu du monde. On s’était préparé correctement à affronter ces représentations au long cours. Maintenant chacun aspire à un peu de repos. Nous repartons cependant dans une quinzaine de jours au Maroc, à Salé, pour une Veillée de deux semaines. Le bureau tourne toujours à plein pour organiser cette nouvelle aventure des Veilleurs à l’étranger. Cette année sera une année de Veillées qui vont avoir lieu, en partie, over the sea. Nous irons au Maroc, au Québec, à la Réunion. Et puis il y a la tournée d’Aimer si fort… et de La Brique. Aujourd’hui, au bar de Présences Pasteur, il n’y avait plus de jus de gingembre.

la fin du festival

Avant dernière. Beaucoup de monde encore au spectacle. Mais les rues d’Avignon se vident. Demain soir ou lundi matin, les services municipaux de la ville vont faire table rase de toutes les publicités des spectacles et en particulier les dizaines de milliers d’affiches accrochées n’importe où dans la ville. Avignon n’aura plus du tout le même visage dans 24 heures. Des dizaines de théâtre vont fermer leur porte et les compagnies vont reprendre la route, après un mois de folie de théâtre et de tout… Déjà des compagnies ont pris le chemin du retour. Nous, Hvdz, faisons le festival jusqu’au bout puisque nous jouons demain. La dernière représentation de la Brique aura lieu à Avignon, demain, à Présences Pasteur, rue du Pont Trouca, à 13 heures. Dans la soirée, les techniciens-magiciens vont tout démonter et tout remballer jusqu’au petit matin. Une longue nuit d’un dur travail, sans sommeil. Et ce sera le va et vient des camions qu’on va remplir et qui reprendront la route, lundi, au petit matin, vers les quatre coins de France et ailleurs… Ce soir dans la cour d’honneur du Palais des Papes se produiront, tard dans la nuit, les Têtes Raides, qui ont magnifiquement mis en musique le petit livre de Stig Dagerman, notre besoin de consolation est impossible à rassasier…

La Brique Katerpilar

Plus que deux représentations. On a à nouveau fait le plein tout à l’heure. Ça ne se passe pas du tout selon nos prévisions : on imaginait que ça tomberait petit à petit jusqu’à ne plus avoir de spectateur en fin de semaine. Ça n’est pas le cas. Tant mieux. Ce soir on a vu un super spectacle à l’Entrepôt, Katerpilar. Un spectacle en deux parties dans lequel on s’est retrouvé comme si c’était nous qui étions sur scène. Même engagement, même souci du spectacle populaire, même souci du monde ouvrier. On était chez nous. Le spectacle est en créole surtitré et il est interprété par des RéunionnaisEs. On est très heureux d’avoir vu Katerpilar et d’avoir rencontré tous les gens du spectacle. Faut aller voir ça !

troisième jour de grève

Aujourd’hui jour de grève. On a fait la grève. Pour la troisième fois, ce mois-ci, puisque tout se passe mal à la réunion, pilotée par les trois sages nommés par Manuel Valls, qui était censée proposer une version plus humaine de l’accord Unedic, concernant intermittents, précaires et intérimaires. La CGT appelle à une grève pendant tout le mois d’août. Tout l’équipe a voté pour la grève. Peu importe si nous sommes peu, en Avignon, à avoir cessé le travail aujourd’hui. Alors qu’au festival de théâtre de rue de Chalons sur Saône, aucun spectacle n’a eu lieu de la journée. Ce qui compte, c’est de continuer à entretenir le feu sous la cendre. On a longuement discuté avec les gens qui sont venus pour voir la Brique, aujourd’hui. Fort heureusement, quelques uns pourront revenir demain. Quand on décide de ne pas jouer, on le fait vraiment la mort dans l’âme, mais est-ce qu’on nous laisse le choix ?

on a crée les trois soeurs (avec le Ballatum Théâtre) à Belfort en mars 1994

Le nombre de spectateurs est en chute libre. D’une salle archi-pleine, on est passé à une demi-salle. On prend vite des habitudes de riches… Encore quatre représentations. Et dimanche, Feierabend ! Hier encore, on mettait des gens sur liste d’attente et aujourd’hui, rien qu’une moitié de gradin ! On a revu des gens de Bretagne qu’on avait rencontrés pendant la Veillée de Châtelaudren. La température à Avignon atteint à nouveau des sommets. Et ce sera comme ça jusqu’au bout ! Les rues de la ville se sont vides, les festivaliers ont laissé place aux touristes. Toute l’équipe est maintenant bien fatiguée mais Présences Pasteur est toujours aussi agréable. Et le jus de gingembre est toujours aussi rafraichissant. On dirait qu’au fur et à mesure du mois, les briques se sont alourdies. Cela dit, on va de plus en plus vite à monter et démonter le décor pour laisser la place aux artistes des autres compagnies. Aujourd’hui nous n’avons pas eu de problème technique. Avant hier mon micro HF était mal amarré à son boîtier et on a du l’éteindre pour éviter larsen et pocks. Chaque jour n’ a rien à voir avec la veille. Il faut sans cesse être sur le qui-vive. Rester en alerte. Jusqu’au bout.