house, a very fine house

Tourner la page. J’ai souvent pensé qu’on avait plusieurs vies dans la même vie. Outre le côté absurde et dérisoire de la vie, il faudrait rester serein quand on n’est pour rien dans ce qui nous arrive et surtout quand on ne peut rien sur ce qui arrive. C’est plus facile à dire qu’à faire. Le meilleur moyen consisterait à ne pas succomber à nos passions. A rester indifférents aux choses indifférentes. Je prône alors l’ermitage. A garder une telle distance qu’on n’est plus atteint par l’effet d’un quelconque attachement. Je vais m’installer dans la forêt de Boulogne ou d’Hesdin. Et y construire une cabane. Me faudra tout de même demander une autorisation et me méfier des chasseurs de septembre à janvier, qu’on ne me tire pas comme un sanglier. Je n’ai pas le courage de Sylvain Tesson qui s’est installé dans la forêt de Sibérie, au bord du lac Baïkal pendant des mois. Ni celui de Henri David Thoreau. Ou alors m’installer dans le bois de Ferfay. Mais enfin ! C’est tout petit. Non, Boulogne ou Hesdin. Pratiquons quelques jours de marche, seul et on verra par la suite comment on envisage un retrait progressif du commerce des hommes. Comment vivre sans un téléphone portable à portée de main et sans livres ? Je peux en emmener quelques uns. Epictète, quelques romans noirs, Freud, le mouvement Makhnoviste, Nietzsche tout Didier Eribon et quelques autres… Le capital de Marx et ne pas revenir avant de l’avoir terminé et compris ; l’assurance de partir pour longtemps. Se pose le problème de mes pathologies chroniques et des médications car si je n’y prends garde, je pourrais être de retour à court terme. A très court terme, en convoi extraordinaire. Faire une liste pour ne rien oublier. Des pastilles pour purifier l’eau ! Faut il que je ne sois pas très loin d’une pharmacie ? Mais est ce que je vais bénéficier encore de la sécurité sociale de la mutuelle des artistes ? Au début, je pourrais peut-être garder mon téléphone si les gens veulent me joindre ? J’irais le recharger dans un petit bistrot, à l’orée de la forêt, où j’irais de temps en temps boire du vin chaud. Ou des grogs.

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