La précarité sociale n’oblitère pas la précarité ontologique

Des fois, je me dis que j’aurais pu rester à Ferfay cité 3 au moins quelques années de plus et puis je me dis que ça n’aurait pas été possible. C’était trop tendu avec mes parents. Et que tout compte fait, c’est très bien comme ça. A quelques années près, de toute façon, je n’aurais pas pu éviter la décompensation psychique dont j’ai été victime, sans m’en rendre compte. J’étais bien trop ignorant de ces choses là. C’est toujours une affaire de classes sociales. De psychisme et de classe sociale. J’aurais dû faire deux années de Bourdieu en cours privé (!) avant d’entamer quoique ce soit. De Bourdieu et de Marx. Pour y comprendre quelque chose. Pour savoir où je mettais les pieds. J’aurais été bien préparé. Un peu de Freud là dessus et le tour était joué. J’aurais tout fracassé. J’étais tout fracassé. J’aurais tout analysé avant même de foutre les pieds à l’université. A Lille. Je ne pouvais pas imaginer que ça allait être à ce point déroutant et fou et que je le deviendrais à mon tour. Je ne pouvais plus me regarder dans la glace. C’est pour ça qu’Ivanov, monté par Lacascade, ça m’a tant touché, l’histoire de l’homme de trop et par la suite tout ce que j’ai pu lire de Annie Ernaux ou Didier Eribon.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.