Ecoute là, R.Carver

C’était une nuit comme les autres. Dénuée

de tout sauf de mémoire. Il pensa

être passé de l’autre côté des choses.

Mais non. Il lut un peu,

écouta la radio. Regarda un moment

par la fenêtre. Puis monta. Au lit,

il réalisa que la radio était restée allumée.

Mais ferma les yeux malgré tout.

Au plus profond de la nuit,

alors que la maison filait à l’ouest, il se réveilla

avec des voix qui murmuraient. Et se figea.

Alors il comprit que c’était seulement la radio.

Il se leva et descendit. Il devait

pisser de toute façon. Une pluie fine

tombait désormais dehors. À la radio,

les voix s’évanouirent et réapparurent,

comme si elles revenaient de loin. Ce n’était plus

la même station. La voix d’un homme

dit quelque chose à propos de Borodine,

et de son opéra Prince Igor. La femme

à qui il s’adressait acquiesça, et rit.

Commença à raconter un peu l’histoire.

La main de l’homme s’écarta de l’interrupteur.

Une fois de plus il se trouvait en présence

du mystère. Pluie. Rires. Histoire.

Art. L’hégémonie de la mort.

Il se tint là, debout, écoutant.

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