Là y avait des types qui buvaient Des rigolos des tout rougeauds

Le temps coule de nous comme d’un sablier, et nous n’avons pas le sentiment de cette fuite, surtout dans de certains instants suprêmes… L’homme est le patient des évènements. La vie est une perpétuelle arrivée. Nous la subissons. Nous ne savons jamais de quel côté viendra la brusque descente du hasard. Les catastrophes et les moments de bonheur entrent puis sortent., comme des personnages inattendus. Ils ont leur loi, leur orbite, leur gravitation en dehors de l’homme. La vertu n’amène pas le bonheur, le crime n’amène pas le malheur; la conscience a une logique, le sort en a une autre: nulle coïncidence. Rien ne peut être prévu. Nous vivons pêle-mêle et coup sur coup. La conscience est une ligne droite, la vie est le tourbillon. Ce tourbillon jette inopinément sur la tête de l’homme des chaos noirs et des ciels bleus. Le sort n’a pas l’art des transitions…

…Je connaissais des sentiers, j’étais au fait des itinéraires isolés et serpentants; j’avais l’habitude farouche de l’être qui ne se sent pas aimé. Je restais lointain: tout enfant, voyant peu d’accueil dans les visages des hommes, j’avais pris ce pli, qui depuis était devenu un instinct, de me tenir à l’écart…

…Dans cette prunelle tragique et calme, il y avait de l’inexprimable. Ce regard contenait toute la quantité d’apaisement que laisse le rêve non réalisé; c’était l’acceptation lugubre d’un autre accomplissement. Une fuite d’étoile doit être suivie par des regards pareils… Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, Folio, page 505.

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