un samedi soir à Bruay Labuissière

Marie Bouts est arrivée hier soir à Bruay Labuissière. De Lille. La fois dernière (voir son commentaire à l’article coucou de Monchecourt) elle voulait se rendre à Monchecourt, elle n’a jamais trouvé. Le nord pas de calais est un entrelac d’autoroutes et si t’as pas de GPS, tu t’en sors pas. Elle est arrivée à l’heure du beau spectacle, de la fête donnée par Maggie Church et Thomas Suel sous l’ancienne halle de l’ancienne gare de Bruay Labuissière (quelle connerie d’avoir détruit tout ça, quand on a décidé que l’extraction minière devait s’arrêter. Les politiques qui ont décidé ça, ne pensaient donc à rien. Des milliers, des dizaines de milliers de gens allaient se retrouver sans travail et en plus on leur enlevait le moyen de se déplacer. C’est pratique pour se chercher du boulot. Plus de travail, isolés et dans une ville dont on change le nom parce qu’elle a trop mauvaise réputation (à cause de l’affaire du notaire Leroy, du meurtre de la jeune B. Dewevre et du juge rouge (c’est à ce moment là que Sartre et Serge July sont venus à Bruay et qu’ils allaient boire des coups à la Mouffe à Rebreuve-Ranchicourt). Faut pas s’étonner qu’au bout du compte, des années plus tard, tu te retrouves avec presque la moitié des bruaysiens qui votent, aux dernières municipales, pour le Front National. A force d’être pris pour des cons, on finit vraiment par jouer aux cons. Alors que c’est une ville métissée qui a connu plusieurs vagues de migrations et surtout les polonais entre les deux guerres. On se disait hier avec un type sur la place, avec les progrès qu’on a fait en matière de sécurité, on aurait pu continuer à extraire le charbon. Etant donné qu’ils n’avaient aucune solution de rechange, si ce n’est rien, le désespoir, l’humiliation, le mépris et la dislocation de la classe ouvrière, ils auraient mieux fait de continuer à extraire du charbon. Ils ont désindustrialisé pour créer des métiers de service, me disait un socialiste dissident, il y quelques années. S’avère que ça n’a pas été un bon calcul. Quelle erreur ! Quand on voit le résultat ! Quelle misère ! ) Aujourd’hui ils ont retapé la rue de la Gare. C’est bien foutu et hier Maggie Church et Thomas Suel ont mis en valeur par leurs images et leurs textes la fierté d’un monde qui s’en est allé.

Une réflexion sur « un samedi soir à Bruay Labuissière »

  1. Il se trouve que je m’étais organisée. Ce qui permet d’arriver à bon port. En ayant une bonne carte et toujours pas de GPS.
    Tu vois, Guy, je ne pensais pas que Bruay était si grand.

    Au-dessus de moi pendant le show de Maggie Church and Lucien Suel (suel peut-être mais pas tout seul, vu que les lecteurs qui l’accompagnaient étaient du tonnerre) / je reprends / au-dessus de moi pendant le spectacle un petit morceau de béton armé tremblait dans le vent. C’était beau et délicat, cette dentelle de matière brute industrielle. La nuit tombait, les gens grelottaient et le petit morceau de dentelle tremblait. Quand on est rentrés vers Lomme, c’était la nuit. J’ai découvert le bassin minier, de loin en loin, dans le jour qui tombait, orange rose et noir, cette plaines plate parsemée de petites lumières, ponctuée de terrils, rien de plus rien de moins que des gros tas de terre souterraine. Avec Raphaël on se disait, si on savait pas où on était, on se demanderait vraiment ce que c’est tout ces trucs, ces tas, ces tas immenses. C’est drôle, ce pays qui m’accueille, moi qui ne suis pas d’ici. Moi qui ait toujours eu une passion particulière pour les tas. Ce pays, je m’y sens bien. À force je vais finir par y être chez moi.

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